16/07/2012

Chenilles urticantes dans la Boucle de Moisson

Le point sur la situation

   Les chenilles, larves du papillon Thaumetopoea processionea ou Processionnaire du Chêne, reviennent dévorer les arbres de façon récurrente, et l'invasion que nous connaissons aujourd'hui n'est pas nouvelle. Déjà, du temps du Jamborée en 1947, les gens s'en plaignaient.

 

Deux sortes de chenilles urticantes reviennent régulièrement : celles du chêne et celles du pin. Elles sont dites processionnaires parce qu'elles se suivent à la queue leu leu pour s’enterrer ou hiverner. Très urticantes, il convient donc de mettre en garde les personnes fragiles (allergiques, enfants...) qui doivent éviter de se rendre en forêt.

 Crédit photo: UPBMH

Pourquoi dans la Boucle de Moisson?

 

   Les raisons de la présence de ces chenilles sur la boucle de Moisson et non dans la forêt de Rosny ne sont pas évidentes. Très certainement un ensemble de facteurs peu propices (paramètres climatiques différents, état sanitaires des arbres, interaction prédateurs-maladies,…) se rencontrent à Rosny.

    Les papillons, qui sont les adultes de l’espèce, s’accouplent et pondent leurs œufs de juillet à septembre sur le bout des rameaux du chêne. Les jeunes chenilles sortent de leurs œufs et commencent à dévorer le limbe des feuilles dès leur apparition. Pendant leur développement larvaire, elles muent plusieurs fois et tissent un nid de soie très solide qui les protège. Une fois leur cycle larvaire achevé, fin juin, elles se transforment en chrysalide à l’intérieur du nid, de laquelle va sortir le papillon qui pondra à son tour et donnera naissance à d'autres chenilles etc... Un cycle qui dure 2, 3, 4 ans et qui disparaît sans que l'on sache pourquoi, pour revenir 10 ans plus tard, sans crier gare. Ces chenilles sont présentes depuis extrêmement longtemps en Ile-de-France. Les conditions climatiques et la chaîne alimentaire expliquent les variations de population et les pics observés à nos dépends !

   Il est assez difficile de s’en débarrasser ; Des interventions mécaniques (bûlage du nid, ramassage des chenilles avec une protection adéquate, …) et chimiques existent, mais certains propriétaires n'ont parfois d'autre solution que de couper les arbres infestés proches de leur maison. Il arrive même que les autorités préfectorales en viennent à utiliser les grands moyens : la pulvérisation par hélicoptère. Cette dernière solution nécessite cependant une autorisation d’occupation de l’espace aérien et une évaluation des incidences d’un tel traitement sur le site Natura 2000.


-La chenille processionnaire du pin est urticante du mois d'octobre au mois de mars,
-La chenille processionnaire du chêne est urticante du mois de mai au mois de juin voire au-delà comme cette année.

 

   Tout est urticant dans ce processus ; les poils de la chenille aussi bien que la toile. On entre rarement en contact directement avec la chenille elle-même, à moins de s'appuyer contre l'arbre par inadvertance. Par contre le vent, surtout par temps chaud et sec, transporte au loin les poils urticants et les fils de la toile. Pas question donc de pique-nique en forêt. Et on évite de se promener jambes, cou et bras nus. Sinon, c'est rougeurs assurées, démangeaisons, voire yeux ou gorge irrités, et même réactions plus vives qui peuvent nécessiter de consulter son médecin - ce qui est déjà arrivé pour des enfants des écoles de Freneuse qui s’étaient rendus à pied jusqu'à la base de loisirs en passant par la forêt.

Sur le site Internet de la FREDON Ile-de-France, un organisme spécialisé et reconnu de la santé du végétal, nous pouvons lire la mise en garde suivante :

« Au cours d’un de ses stades de développement (troisième stade larvaire), les chenilles développent des poils microscopiques (100 à 250 microns). Ils sont hérissés de barbilles comme des harpons. Les poils sont expulsés par les chenilles lorsqu’elles sont dérangées ou bien ils sont libérés lors de leur mue ou de leur mort. Ils sont emportés par le vent et peuvent ainsi toucher des personnes qui ne sont pas entrées en contact direct avec les chenilles. Ils pénètrent dans la peau et lorsqu’ils sont cassés par un frottement, les poils libèrent une protéine urticante dont les effets varient selon la sensibilité des individus et les zones touchées. Les symptômes observés sur les humains sont divers: urtications, voire oedèmes etc...


   Sur les animaux domestiques (chats, chiens, chevaux) qui sont souvent intrigués par les chenilles et les grignotent on observe fréquemment les même troubles que précédemment et parfois des nécroses de tissus. 

   Ne touchez pas les chenilles en procession, ramassez-les avec une pelle ou un outil à manche long (portez des gants, des vêtements couvrants que vous pourrez mettre à laver directement après cette besogne et des lunettes), - mettez les nids dans un sac et brûlez le tout, si cela est possible, sinon, mettez le sac dans un conteneur dur et hermétique avant de le jeter aux ordures ménagères »

Pour plus d’informations : https://www.fredonidf.com/actualites.php#ancre9

 

 

Peu de prédateurs

 

   La chenille urticante a peu de prédateurs. Le coucou et  la huppe fasciée en sont friands. Quant à la mésange charbonnière, elle la dépiaute précautionneusement avant de la manger. Certaines araignées et punaises prédatrice en consomment aussi. C'est malheureusement peu de prédateurs (le nombre fait leur force) pour une telle invasion! Elles peuvent proliférer en toute quiétude et leur disparition soudaine doit être imputée à d'autres raisons, sans doute climatiques.

Quant aux arbres, en l'occurrence les chênes dans le cas présent, ils vont souffrir et refaire d'autres feuilles au cours de l'été, mais cette attaque n'est pas létale, ils s'en remettront.


                                            Daniel Vaugelade, Marco Banchi et Fredon IDF